🇪🇺 Automobile : La France milite pour une « Préférence Européenne Assumée » face à la concurrence

Réunis à Bercy le 2 décembre, la ministre de la Transition écologique et le ministre délégué à l’Industrie ont rencontré les acteurs majeurs de la filière automobile française pour définir une position commune forte concernant l’avenir industriel européen. L’objectif est de consolider l’empreinte industrielle du secteur face à la transition énergétique et au choc concurrentiel actuel.

🚨 Le diagnostic : urgence et concurrence Déloyale

Le secteur s’accorde sur un constat sans appel : malgré des investissements massifs et sans précédent dans l’électrification (usines de batteries, base industrielle électrique) et un nouveau record de ventes de véhicules 100% électriques (26 % de parts de marché le mois dernier), l’industrie automobile européenne fait face à :

  • Une demande insuffisante sur le marché.
  • Un choc concurrentiel durable et profond, notamment de la part de l’Asie.

Les équipementiers, en particulier, sont les plus exposés. Ils doivent gérer un écart de compétitivité qui peut dépasser 30 %, souvent à cause de subventions massives dont bénéficie la concurrence extra-européenne.

🚗 La position française : rétablir l’équité

La France, qui a déjà mis en place des mesures de soutien et de protection (droits de douane ciblés, recentrage du bonus écologique), appelle désormais à une approche européenne plus structurée.

1. La Préférence Européenne au Cœur des Réglementations

Le gouvernement demande l’inscription d’une « préférence européenne assumée » dans le cadre de la révision du règlement européen sur les émissions de CO2​ des véhicules.

  • L’objectif : Rétablir des règles du jeu équitables et non de fermer le marché.
  • L’ambition industrielle : Ne pas réduire l’actuel niveau de souveraineté industrielle du véhicule thermique, où environ 75% du savoir-faire et des composants proviennent d’Europe.
  • Les Critères : Encourager la production en Europe d’une part significative de la valeur ajoutée du véhicule et de ses composants stratégiques, tels que :
  • La batterie (cellules, cathodes).
  • Le moteur électrique.
  • L’électronique embarquée.

2. L’Articulation entre Industrie et Environnement

Les objectifs environnementaux doivent être indissociables d’une trajectoire industrielle claire. Les ministres se disent ouverts à des flexibilités sur la neutralité technologique et les objectifs 2035 (le fameux « paquet automobile ») à condition que celles-ci s’accompagnent :

  • D’incitations réglementaires et financières pour le maintien et le développement des chaînes de valeur européennes.
  • D’une prise en compte préférentielle pour les véhicules électriques répondant aux critères de production européenne. Cela permettrait d’apporter des souplesses aux constructeurs qui s’engagent dans la production locale.

➕ Mesures additionnelles et accélérations Demandées

Le gouvernement français insiste également sur plusieurs points essentiels pour la filière :

  • Utilitaires Légers : Adaptation de la trajectoire de décarbonation avec un lissage des objectifs sur 5 ans pour mieux coller à la réalité du marché.
  • Petits Véhicules Électriques : Accélération des initiatives de la Commission européenne visant à faciliter l’émergence d’un petit véhicule électrique européen compétitif.
  • Incitations à l’Achat : Mise en place d’un règlement d’incitation à l’achat de véhicules électriques européens par les flottes d’entreprise.
  • Batteries : Soutien urgent à la montée en cadence des usines de batteries européennes, avec des incitations à l’achat de composants européens (cathodes, etc.) pour sécuriser l’amont de la filière.

En résumé, la France pousse pour une révision du cadre réglementaire européen qui lie de manière concrète la décarbonation à l’ambition industrielle, assurant ainsi que la transition électrique ne se fasse pas au détriment de l’emploi et de la souveraineté technologique européenne.

Source : Communiqué du Ministère des finances, 3 décembre 2025.

Étiquetté :