Le paysage des soins de santé en France franchit une étape historique. Le décret n° 2025-1306, publié ce 24 décembre, redéfinit en profondeur le champ d’action des infirmiers. Entre autonomie renforcée, reconnaissance de la « consultation infirmière » et évolution du rôle des IADE, voici le détail des changements qui entreront en vigueur au plus tard le 30 juin 2026.
1. Une autonomie clinique consacrée : La Consultation Infirmière
C’est sans doute l’avancée la plus symbolique. Le décret officialise la consultation infirmière (Art. R. 4311-3). Désormais, l’infirmier n’est plus seulement un exécutant, mais un professionnel capable d’identifier les besoins de santé par un raisonnement clinique propre.
Cette consultation permet à l’infirmier :
- De réaliser une anamnèse et un examen clinique complet.
- De poser des diagnostics infirmiers.
- De prescrire des produits de santé et des examens complémentaires (selon une liste fixée par arrêté).
- D’adapter les soins en fonction de l’évolution de la situation du patient.
2. Le rôle propre et la prescription élargie
Le décret clarifie les domaines de compétences (Art. R. 4311-2) en insistant sur la capacité de l’infirmier à initier et évaluer des soins de prévention, de dépistage et d’éducation thérapeutique.
L’innovation majeure réside dans le droit de prescription. L’infirmier pourra désormais prescrire certains dispositifs et examens nécessaires à sa pratique, renforçant ainsi la fluidité des parcours de soins, notamment pour les maladies chroniques et le maintien à domicile.
3. Évolution majeure pour les IADE et la Pratique Avancée
Le texte réorganise la structure du Code de la santé publique pour mieux intégrer les spécialités.
- IADE (Infirmiers Anesthésistes) : Ils voient leur expertise officiellement reconnue comme relevant de la pratique avancée. Le décret précise leurs modalités d’exercice et facilite également l’intégration des professionnels diplômés dans l’Union Européenne.
- Coordination : Le texte insiste sur la collaboration pluriprofessionnelle, plaçant l’infirmier comme un pivot de la coordination des soins de premier recours.
4. Collaboration et délégation : Un cadre clarifié
L’article R. 4311-5 redéfinit la relation avec les aides-soignants (AS), les auxiliaires de puériculture (AP) et les AES :
- L’infirmier peut confier certains soins sous sa responsabilité, en fonction de son évaluation de la situation clinique.
- Pour les patients chroniques ou stables, l’infirmier peut déléguer des « soins courants de la vie quotidienne » qui pourront être réalisés même en son absence par l’AS ou l’AP.
| Ancien Cadre (Avant 2025) | Nouveau Cadre (Décret 2025-1306) |
| Rôle propre limité à une liste d’actes. | Rôle basé sur des domaines de compétences et le raisonnement clinique. |
| Prescription très restreinte. | Prescription de produits de santé et examens (selon arrêté). |
| Pas de statut formel de « consultation ». | Reconnaissance légale de la consultation infirmière. |
| IADE hors pratique avancée. | IADE intégrés aux spécialités en pratique avancée. |
5. Urgence et protocoles
En l’absence de médecin, l’infirmier est réaffirmé dans sa capacité à agir face à l’urgence. Il est habilité à mettre en œuvre des protocoles de soins d’urgence pré-établis et à prendre toutes les mesures conservatoires nécessaires, y compris l’orientation vers la structure la plus adaptée.
Calendrier de mise en œuvre
Ce décret ne s’applique pas immédiatement. Il entrera en vigueur :
- Le lendemain de la publication de l’arrêté fixant la liste des actes et prescriptions.
- Au plus tard le 30 juin 2026.
Ce délai doit permettre aux instituts de formation (IFSI) et aux professionnels en exercice de s’approprier ces nouvelles compétences qui transforment durablement l’identité de la profession.
Lien vers le texte officiel : Décret n° 2025-1306 du 24 décembre 2025, J.O. du 26.







